Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je pense que selon l’âge et les circonstances les événements que l’on subit nous marquent ou non. J’ai un souvenir marquant et diffus de la Toussaint 1956 pour avoir entendu à la radio en même temps que mes parents et grands-parents le retour des chars soviétiques dans Budapest pour y stopper le vent de liberté qui se levait… Agnès Heller (1929-2019) parle de cette « révolution » comme – à mon humble avis – on devrait l’enseigner. A la fois comme témoin-acteur et comme analyste politique-historien. Et c’est le même genre de lecture qu’elle applique à sa vie qu’elle raconte ici. Premier point : il est difficile, une fois entré dans ce livre, d’en sortir, c’est passionnant. Deuxième point : c’est humble ! Comment ! Voilà une femme membre à part entière de la fameuse « École de Budapest », qui occupera la « chaire Hannah Arendt » à la New School For Social Research, qui fréquenta les grands penseurs de notre temps (je préfère le terme penseur à celui d’intellectuel) et est reconnue comme une des grandes philosophes et sociologues de son époque qui nous dit qu’elle allaite son fils et que son père lui a appris à ne pas avoir honte du plaisir sexuel. Elle nous dit aussi l’immense part de hasard dans sa vie et ne reconnaît l’importance de la volonté que dans son désir, sa volonté d’apprendre…
Si j’étais prof de philo ou d’histoire, je demanderais un exposé de présentation et d’analyse de ce livre. Il se lit avec plaisir et facilité. On notera que malgré leur petite taille les photos qui illustrent le propos sont parfaitement lisibles.
Je vais me faire plaisir en vous offrant deux citations…
« …politique et philosophie ne vont pas ensemble. »
« La démocratie n’est pas naturelle et c’est pour cela qu’elle est toujours en danger. »
Bonne lecture.
La valeur du hasard, Ma Vie
Auteure : Agnès Heller
Editeur : Rivages
Collection : Bibliothèque Rivages
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