Tous nos noms

Tous nos noms

Cette chronique s’adresse d’abord à ceux qui – comme moi – n’ont jamais lu Dinaw Mengestu avant ce roman. Tout simplement parce que je suppose que ceux qui le connaissent se sont déjà précipités sur ce nouveau titre. Et avant d’aller plus loin je tiens à signaler la qualité de la traduction de Michèle Albaret-Maatsch qui nous permet de lire l’histoire racontée sans le moindre chaos, le moindre sursaut…

Quand il se raconte, le personnage principal dit qu’à sa naissance il a un grand nombre de noms… et qu’on lui en a donné d’autres. Un premier regard vous a fait remarquer que l’alternance de chapitres était marquée par deux prénoms : Isaac et Helen. Et la lecture vous a fait comprendre qu’Helen et Isaac, s’ils parlaient d’eux-mêmes, parlaient surtout d’un personnage appelé Isaac… De quoi générer un léger malaise. Et l’Isaac récitant reçoit de la part d’Isaac (raconté) un certain nombre de noms dont celui de Langston – qui renvoie à un auteur noir américain – et Helen conserve son prénom mais s’imagine des comportements qui sont éloignés de celui que l’on prêterait à l’Helen connue dans sa ville. Vous avez compris qu’il s’agit d’une histoire qui traite de l’identité des individus et l’auteur souligne son propos en parlant de l’identité de l’Afrique – de toute l’Afrique – et de celle des États-Unis. Imaginez un instant avec lui que nous sommes une somme d’instants, d’expériences réalisés dans des pays qui se réalisent avec nous. Dinaw Mengestu parle de la force et de la nécessité de la transmission, de la reconnaissance du passé, des racines, de la famille et il le fait avec une force poétique qui renforce le réalisme de ce qu’il raconte – on comprend là l’importance de la traduction. On prêtera une attention particulière au récit d’Isaac à propos de la ville.

Attention, une fois entré dans le livre il est difficile de l’abandonner, le conteur arrive même parfois à vous faire passer d’un chapitre à l’autre sans que vous perceviez le changement de « récitant »… Et je conseillerais de se garder un temps pour relire en feuilletant.

Je vais vous livrer deux citations dont vous pourrez vous amuser à chercher à qui elles renvoient (Isaac ou Helen) : « Ce que je ne voulais surtout pas c’était réduire Isaac en le cantonnant à la réalité, découvrir qu’il n’était qu’un banal étudiant étranger… » et « Je me sentais en sécurité dans cette pièce, parce qu’Isaac y était et que j’avais toujours pensé que le statut d’étudiant offrait l’avantage induit de vous assurer une position privilégiée d’où l’on pouvait contempler le monde sans risquer de se faire blesser. ».

Bonne lecture.

Tous nos noms
Auteur : Dinaw Mengestu
Editeur : Albin Michel

www.albin-michel.fr

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