7 ans, voilà 7 longues années que nous avons laissé Ellie et Joel à leurs aventures après un final qui permettait de se demander ce qu’il allait advenir de nos 2 aventuriers post-apocalyptiques dans ce monde en ruine où les plus méchants des adversaires ne sont pas toujours les infectés, mais bien les autres humains. Si le premier opus était parfois lent dans sa progression et particulièrement violent, la suite des aventures de Joel et de sa fille adoptive de cœur en rajoute clairement une couche tant la violence est omniprésente et à un niveau bien au-dessus de celui de The Last of Us. Une violence utile et qui a sa raison d’être ? Pas si sûr…


Le jeu est de type infiltration/action à la 3ème personne sur fond d’histoire de revanche. Je ne vais pas aller dans les détails du scénario car, 1) à mon avis, ce dernier est une pièce maîtresse du jeu et il contient son lot de surprises et de rebondissement, croyez-moi et 2) Sony ne nous laisse pas divulguer grand-chose (néanmoins les plus curieux trouveront tous les détails sur certains sites spécialisés). Sachez juste que nos « héros » partent en quête de vengeance et trouveront sur leur chemin plusieurs types d’ennemis, soit des infectés, plus ou moins atteint par les cordyceps (des petits champignons parasites), ou encore des ennemis humains de plusieurs factions. Afin de passer outre ces obstacles sur le chemin du but final, vous pourrez soit essayer de les contourner (ou les tuer en silence grâce à de jolis coups de couteau bien placés en travers de la gorge), mais la plupart du temps, vous finirez par devoir les combattre à l’aide d’armes improvisées, de munitions (très) limitées ou encore des mines et bombes improvisées. Une grande partie du jeu se déroule dans la ville de Seattle, prise dans une végétation luxuriante de toute beauté. Une ville énorme et compliquée à explorer de par les débris se trouvant sur votre chemin, les patrouilles ennemies ou encore quelques infectés traînant par ci, par là. Croyez-moi, ce que vous pensez parfois être une petite balade tranquille peut extrêmement vite se transformer en vrai calvaire tellement la difficulté de base du jeu est grande. On peut bien entendu changer la difficulté selon ses goûts, mais je trouve que souffrir à avancer rend plus justice à la vie de nos survivants.

Les personnages et les relations entre eux

The Last of Us (le 1er) partait sur des relations relativement saines (au départ) et racontait une histoire finalement très humaine. Attention, petit spoiler (mais en même temps, le jeu à déjà 7 ans et ces événements sont racontés dès les 1ères secondes du second opus. Joel, un contrebandier doit amener Ellie à travers les États-Unis car cette dernière est immunisée à l’infection et pourrait potentiellement sauver la planète entière. Dans les dernières minutes du jeu, Joel apprend que la création du vaccin tuerait Ellie et du coup, il tue tout le corps médical et emmène Ellie avec lui. Il ment par la suite à cette dernière et lui dit qu’il n’y a pas de remède possible à l’infection. Fin du spoiler

The Last of Us Part 2 commence 5 ans après cet événement où on retrouve Joel et Ellie dans un grand campement. Leur relation n’est pas vraiment au beau fixe. Joel vit avec la culpabilité d’avoir peut-être enlever toute chance à l’humanité de survivre à l’infection et Ellie, quant à elle, vit avec la peine de savoir que même si elle est exceptionnelle et ne vit clairement pas avec les mêmes soucis que ses proches, elle ne peut rien faire pour les aider. De plus, on comprend entre les lignes qu’elle n’a plus totalement confiance en Joel suite aux événements de la fin du premier jeu.

Les autres personnages, quant à eux, représentent une large diversité d’ethnicités, de sexualités et de genres. Le jeu gère extrêmement bien cette palette de gens et les rends vraiment humains. Les homosexuels ne parlent pas que de leur homosexualité et ne sont clairement pas défini par cette dernière ; ils ont une vie en soi.

J’aurai vraiment souhaité avoir une suite idéologique à the Last of Us, qui centre sa narration sur les luttes internes de chacun des personnages. Mais ce n’est pas ce que Naughty Dog offre ici. Le seul motif qui pousse les « héros » à avancer est une quête de vengeance, remplie de rage que seul le sang saura calmer.

Violence, sang, gore

Neil Druckmann, designer du jeu avait déjà averti les joueurs plusieurs fois avant la sortie, le jeu serait définitivement violent. Une violence qui selon lui est justifiée par le fait que le jeu pose des « questions philosophiques » sur le revanche et ses conséquences. Une justification un poil simpliste à mes yeux étant donnée le nombre de meurtre et autres sympathie que nous sommes amenés à faire ou à subir durant le cours du jeu. Surtout que le jeu ne pose pas vraiment de questions (ou ne nous laisse pas le temps de nous les poser), il nous expose à une brutalité sans fin. Et ce n’est pas distillé, oh que non, c’est même une réelle escalade qui ne semble ne jamais s’arrêter et qui s’accélère sans jamais vraiment faillir, faisant souffrir tout les personnages aussi bien physiquement que psychologiquement à force de détail parfois très (trop ?) visuels. Sachez tout simplement que l’on ne ressort pas d’une session de The Last of Us Part 2 en se sentant bien. C’est peut-être parce que le jeu vidéo est sensé (du moins pour moi) être un medium de divertissement et jouer à un jeu mettant les gens face aux responsabilité de leurs actes dans le monde actuel ou nos actes n’ont plus que jamais une importance vitale ne permet pas de s’échapper un peu de la réalité.

Les développeurs ont essayé de mettre des détails pour que les joueurs se sentent mal. Typiquement, lorsqu’un ennemi est tué, un de ses collègues va l’appeler, le chercher ou pleurer de peur. Ou encore les chiens (que vous pourrez aussi assassiner, bien entendu), vont se mettre à geindre à côté du corps de leur maître. Le but clairement mis en avant de ces petites interactions entre NPCs étant de créer de l’empathie pour les gens que nous nous apprêtons à tuer. Mais nous sommes tellement mis devant des scènes de violence bien plus forte que ces petits meurtres (même si très réalistes en terme visuel ou en terme de son de petits gargouillis de sang s’échappant dans la gorge de nos proies) que finalement, elles paraissent assez banales. Autre défaut majeur de la narration, certaines scènes clefs et émotivement chargées sont suivies directement de longues périodes de combat, ce qui malheureusement dessert le récit car on ne nous laisse pas vraiment être impacté par ce qu’il se passe. Nous ne sommes que spectateur d’horreurs sans vraiment avoir le temps de bien les absorber, ce qui explique peut-être pourquoi les développeurs jouent la carte de la surenchère. Par contre, si le premier jeu avait vraiment marqué les joueurs, celui-ci saura aussi vous marquer en bien, comme en mal.

Les joies de l’exploration

Bon, assez parlé du moche, du sale et du peut mieux (ou différemment faire). Allons dans ce qui est vraiment bon, voire même excellent; le world design et l’identité sonore du titre. En effet, le jeu est vraiment magnifique. Naughty Dog a fait un travail impressionnant concernant la création de leur monde post-apocalyptique. La nature a repris ses droits sur Seattle et cela se voit bien. Les grattes-ciel ne sont plus que des échafaudages à plantes, les rues sont désertes, craquelées et on ressent bien que les années ont passées depuis le début de la catastrophe. La plupart des explorations demande un effort, que ce soit ramper, se balancer au bout d’une corde, déplacer un objet afin de pouvoir accéder à un endroit jusqu’alors inaccessible ou encore se glisser dans des interstices sombres et étroits. L’exploration et la sortie du chemin principal sera toujours récompensée par des objets vous permettant d’améliorer vos armes ou des « médicaments » permettant de vous améliorer vous-même. Attention quand même, le jeu n’est clairement pas un monde ouvert, mais vous permet parfois d’aller vagabonder à gauche et à droite afin de trouver de nouveaux environnements et quelques bonus fort bienvenu. Petit bémol, toujours en le comparant à son grand frère, le jeu ne présente pas de grand moment « poétique » comme lorsque vous rencontrez des girafes sur votre chemin dans le 1er opus. Cependant, une certaine poésie se détache du jeu lorsque l’on prend le temps de visiter et observer les magnifiques environnements traversés.

Comme à l’habitude de Naughty Dog, un soin particulier a été apporté à la modélisation des personnages et à leur animation générale et faciale, permettant au jeu de ne pas faire trop pâle figure face à l’étalon du genre sur console, j’ai nommé Detroit : Become Human. Même les infectés sont effrayant de beauté et de soin. Mais là où le soft fait très fort, c’est en terme de sound design. Jamais la présence de clickers (des infectés avancés, aveugles, qui ne se repèrent qu’à l’aide de petits claquements, tels des chauve-souris) n’a jamais été tant tendue. Les tirs d’armes à feu sont criant de réalisme et donnent un impact certain à ces dernières. Et last but not least, les petits gargouillis sanguinolents des ennemis que nous égorgeons sont si réalistes (ou du moins si proche de ce que je considérerai comme un égorgement réaliste) que je me demande réellement comment ils ont créé de tels sons.

Du sang, du boudin, on n’a pas payé pour rien

Les combats quant à eux ne vont pas vraiment permettre d’accélérer le rythme du jeu, mais y rajouter de la tension. Vous êtes seul(s), en infériorité numérique et avec uniquement quelques dizaines de balles dans vos poches afin d’avancer dans votre quête. Comme dit auparavant, vous pouvez améliorer vos chances de survies en apprenant certains skills par la lecture et en les améliorant en mangeant des petits cachetons (je ne veux même pas savoir ce que c’est) ou encore en améliorant vos armes (stabilité, taille du magasin ou encore dégâts) dans des établis à location fixe. La meilleure façon de se défaire de ses ennemis restent encore et toujours l’infiltration, s’approchant des malheureux par derrière en utilisant la « vision » auditive qui vous permet de repérer les « méchants » à travers les obstacles ainsi que dans quelle direction ils sont tourné, et de les égorger grâce à votre magnifique lame (qui cette fois-ci ne s’use plus, merci). Bien entendu, vous n’êtes pas ni Sam Fisher, ni Ezio ou encore Solid Snake et vos tentative d’infiltration finira bien fréquemment en fusillade bien violente, une pléthore d’ennemis courant vers votre dernière position connue. A ce moment-là, aucun choix possible, il faut vous bouger le plus rapidement de votre planque afin de surprendre vos assaillants. Au cas échéant, vous vous trouverez bien rapidement débordé et mort en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Les joueurs du premier The Last of Us sont en terrain hyper connu et ce qui faisait la beauté du gameplay est toujours bel et bien là, avec des pics d’adrénaline et une joie de survivre bien présente car chaque escarmouche est réellement potentiellement mortelle.

Alors, suite spirituelle ou petit frère rebelle ?

Le premier opus était résolument tourné vers les relations entre les personnages et comment ces dernières évoluent avec le temps. Tous les personnages ont des motifs et des buts, que même s’ils ne sont pas connectés directement avec notre vie normale, hors monde post-apocalyptique, nous pouvons facilement relier à des luttes que nous connaissons aussi. En un mot comme en cents, il y avait une réelle connexion entre le joueur et les thèmes transportés par le jeu. Dans The Last of Us Part II, il est vraiment difficile de se sentir en connexion avec les personnages et ce qu’ils vivent tant le monde est sombre et ce qu’ils vivent et font subir à leur ennemi est définitivement hors de ce que nous pouvons connaître. Comme dit plus haut dans le test, le but de Neil Druckmann était de nous faire réfléchir sur la violence et sur la notion de revanche. Mais il le fait de manière tellement brutale, frontale et surtout avec une telle intensité et sans arrêt que finalement, le jeu ne nous fait réfléchir à rien du tout et nous met juste en tant que spectateur d’affreusetés et d’horreurs que les personnages subissent ou font subir.  Par contre, ce qui est sûr, c’est que le jeu ne vous laissera pas insensible (tout comme certains développeurs du jeu qui pensait eux-mêmes que le jeu était trop violent). Il vous fera clairement ressentir des émotions face à certains évènements et de côté-ci, le jeu est définitivement une réussite.

Les plus :

  • Une réalisation magnifique
  • Un monde de toute beauté, envahi par la végétation
  • Une direction artistique auditive extrêmement réussie et réaliste
  • Une ouverture du jeu à l’exploration
  • Un jeu ne laissant définitivement pas insensible

Les moins :

  • Une narration forcée et sans temps mort
  • Une violence trop présente pour qu’une réflexion de fond puisse être faite sur cette dernière et sur la conséquence de nos actions

Editeur : Sony Interactive Entertainment
Développeur : Naughty Dog
plateforme : Exclusivité PS4
Date de sortie : 19.06.2020

Genre : Action/Aventure

The Last of Us Part 2
4.0Note Finale

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