Le système

Le système

Un mot d’abord pour saluer la couverture où l’on peut remarquer que l’argent a la couleur de ce qui brûle, que la taille de l’article donne au « système » une importance capitale et est astucieusement mis en relation avec lui. Ensuite je vous souhaiterai de pouvoir assister à une des représentations de cette pièce car, même si l’on sent l’ironie et l’humour grinçant qui sous-tend les personnages, il n’y a rien de mieux que d’entendre les comédiens les jouer (c’est au théâtre Antoine à Paris).

Si vous avez suivi pendant les cours d’Histoire, vous savez de quoi il retourne. C’est du système du banquier John Law qu’il est question. Le système qui invente la monnaie papier en principe convertible en monnaie sonnante et trébuchante. C’est dans une France ruinée par les guerres et les fermiers généraux (les collecteurs de l’impôt, rappelez-vous l’histoire du surintendant Fouquet) que John Law vient proposer au Régent un système permettant de remettre le pays à flot. On connait la suite : si pendant un temps le système enrichit ceux qui en participent, les jaloux sont toujours en embuscade et aident à ce qu’il s’effondre… La politique fait le reste…

D’une part, ce qui est « joué » là est très actuel et, d’autre part, c’est écrit dans cette langue française très 18ème siècle qui sue l’ironie et l’insolence par toutes ses syllabes… Dieu, qu’en termes galants ces choses-là sont dites. Quand vous lirez, rappelez-vous que Lorant Deutsch joue John Law et que c’est Stéphane Guillon qui interprète l’abbé Dubois qui tire les ficelles avec l’ambition d’endosser la pourpre des cardinaux.

Je vous livre deux citations à vous mettre en bouche pour le plaisir: John Law : « (…) Et la monnaie n’est pas et ne doit pas être la valeur pour laquelle les marchandises sont échangées mais par laquelle elles le sont. »

Pâris : « (…) Avec un tel Système, monseigneur, c’est toute la société qui est menacée, c’est la royauté même. Où va-t-on si le peuple se met à exiger et à être arrogant ? Si tout le monde se met à vouloir plus qu’il n’a ? Il faut que chacun suive l’état où Dieu l’a fait naître, sinon, c’est le chaos. »

Dernier conseil, gardez bien la lecture de la petite « postface » de l’auteur pour la fin, il me semble qu’elle accentue le propos.

Le système
Auteur : Antoine Rault
Editeur : Albin Michel

www.albin-michel.fr

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