Du temps où j’étais mac

Du temps où j’étais mac

Attention, il ne s’agit pas uniquement comme on pourrait simplement le croire d’une œuvre autobiographique ou de sociologie… On soupçonnera l’auteur de parfaitement maîtriser son discours et d’être très fier de cette maîtrise. En revanche on regrettera que la traduction soit parfois pataude par méconnaissance ou manque de pratique de l’argot au point de rendre la lecture un peu difficile.

Je dirai que nous sommes en présence d’une suite de fables, presque des chansons parlées inventées sauf erreur par les bluesmen ou/et Woody Guthrie. Des textes à dire. Avec une morale implicite ou précisée qui, bien que datée sur près de trente ans (de 1940 à 1970), ne semble pas avoir vieilli (attachez-vous au texte intitulé « Sœurette » par exemple).

Au gré de ma lecture, je me suis retrouvé à me demander si l’auteur était plus noir que mac ou plus mac que noir. Après avoir démontré la pression de la société américaine (celle de l' »American way of life ») sur le noir, il est facile de constater que seul le « métier » de mac peut procurer une vie facile… Et pourtant, les conseils donnés ici à un jeune qui voudrait suivre cette voie risquent de surprendre. La prise de conscience politique d’Iceberg Slim par le biais des Black Panthers sert ici de document et s’avère passionnante (texte intitulé Melvin X). Un peu comme s’il dépassait sa négritude individuelle pour accéder à une négritude universelle.

Un livre plus virulent qu’il n’y paraît à propos de racisme et de révolution noire… qui devrait aussi vous inciter à relire au moins « J’irai cracher sur vos tombes » de Vernon/Boris Sullivan/Vian et de regarder si votre bibliothèque conserve en rayon des James Baldwin, des Leroy Jones, des Chester Himes…

Bonnes lectures.

Du temps où j’étais mac
Auteur : Iceberg Slim
Editeur : Belfond
Collection : Vintage

www.belfond.fr