Le poids du cœur
On pourra regretter que l’illustration de couverture ne soit guère en accord avec l’intensité et l’originalité du roman. Il s’agit de la deuxième enquête de Bruna Husky, la détective privé techno humaine – voir ma chronique de Des larmes sous la pluie. Pour ce qui est de l’historique du monde de 2109 – l’action se passe six mois après la première enquête – et des précisions utiles imaginés par Rosa Montero c’est en annexe. Nous sommes toujours sous le patronage de Philip K. Dick mais il me semble qu’un autre grand auteur de science-fiction vient ici appuyer la démarche de Bruna. Je veux parler de Michel Jeury – l’essentiel de son œuvre SF est chez Robert Laffont. Bruna compte toujours en leitmotiv les jours qu’il lui reste à vivre, elle est, en bon privé, toujours fauchée et là, comme elle a eu le tort de bousculer un garde qui l’avait bousculée, sa licence de détective est suspendue au fait qu’elle doit subir les manipulations d’un « tactile », d’un tripoteur si vous préférez. L’individu est censé la remettre en accord avec elle-même. Elle a, de sa dernière enquête, ramené une jeune fille, Gaby, fortement irradiée et d’une rare violence qu’elle finira par amadouer en lui racontant un conte. Si l’on peut dire que la précédente histoire avait comme un des principaux sujets la mémoire ici nous sommes dans l’énergie et la violence des entreprises.
Nous sommes, je crois, dans ce que la science-fiction a de meilleur. Elle n’est en effet jamais aussi passionnante que lorsqu’elle rejoint le temps de Montesquieu (Lettres Persanes) ou de Voltaire (Candide). Quand pour parler de notre époque elle se déplace dans le temps et pousse jusqu’au bout les hypothèses les plus vraisemblables. Et quand elle se soucie de distraire en même temps le lecteur. On notera ici la présence de Bartolo (un souvenir de Beaumarchais ?) le boubi glouton.
Bonne lecture, en espérant que dans le temps qui lui est imparti Bruna Husky trouve celui de vivre au moins une aventure de plus pour notre plus grand plaisir.
Le poids du cœur
Auteure : Rosa Montero
Editeur : Métailié
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